Jenny Hval
Innocence Is Kinky
(Rune Grammofon)
Artiste polyvalente (musicienne, chanteuse, productrice), écrivain, journaliste, il y a peu de chose que Jenny Hval semble ne pas savoir faire. Pour son deuxième album, Innocence Is Kinky, sous son propre nom, délaissant le pseudo de ses débuts Rockettothesky, Jenny Hval aborde crument le thème de la sexualité et du porno via ses yeux de femme. La conception d’Innocence Is Kinky, fait suite à une commande pour une installation autour de la figure de Jeanne d’Arc qui a lourdement influencé son travail, appuyé par une volonté de rendre sa musique plus violente, durcissant ses tracks lors de sa tournée pour son précédent album Viscera. Innocence Is Kinky est un étrange objet qui ne déroutera pas les fans de la première heure, la jeune fille entremêlant noise, pop, recherches électroniques, mélodies à fleur de peau, post-pop aux structures complexes, le tout produit par John Parrish. Il faut dire que certains tracks ne sont pas rappeler une certaine PJ Harvey avec qui Jenny Hval partage le gout pour les ambiances déviantes et les mots qui tapent dans le mille, cherchant peut-être à choquer ou à réveiller l’auditeur à travers ses textes et ses métaphores sexuelles. Féministe jusqu’au bout des silences, Innocence Is Kinky est un album qui se veut aussi un manifeste et une oeuvre engagée, où tout semble résolument pesé avant d’être emballé. L’Art peut-il aider à bousculer les consciences ? Des chansons peuvent-elles faire changer le regard des hommes sur les femmes ? Le phallus gouverne-t-il le monde ? Jenny Hval déploie tous ses talents d’auteur compositeur interprète, pour livrer sa vision personnelle à travers un album plein de sens et de radicalité émotive, continuant de porter le combat à bout de bras avec une énergie singulière et une perspicacité qui méritent amplement d’être saluées. Vital.
Roland Torres
Sites : jennyhval.com
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