Kanye West

Kanye West

Yeezus

(Def Jam)

Pour son nouvel opus, Kanye West n’y a pas été avec le dos de la cuillère, quitte à laisser une partie des fans de la première heure sur le carreau. Avec son titre Yeezus, qui n’est pas évoquer un certain personnage biblique et des tracks comme I Am A God, qui voient ses fans les plus croyants le critiquer pour sa mégalomanie grandissante ou On Sight dans laquelle il fait une allusion déplacée au sujet de la maladie de Parkinson qui lui vaut les foudres de l’American Parkinson Disease Association, le tout enrobé d’une production electro-core dévastatrice, Kanye West semble faire un gros doigt à l’industrie du disque, tant on ne voit pas quel titre va bien pouvoir être diffusé sur les ondes radio. Avec Yeezus, fini le hip hop à papa pour rentrer de plein pied dans le XXIè siècle avec une radicalité qui mérite d’être saluée, car si les bien pensants ne cessent de gagner du terrain, il est du devoir d’artistes de l’envergure de Kanye West de remettre les pendules à l’heure et de propulser la prise de risque au centre de la création, ce que réussit parfaitement le rappeur américain, avec des textes résolument militants et une volonté affichée de fricoter avec l’underground, allant jusqu’à ne pas proposer de pochette. Offrant une version vidéo dérangée d’American Psycho, pour accompagner la sortie de son album. Sombre, agressif sur une bonne partie de l’album, Yeezus use et abuse parfois des samples, mais lorsqu’il utilise Strange Fruit de Billie Holiday sur un tempo trap music enrobé par sa voix vocodée, on lui tire bien bas notre chapeau. Kanye West a su faire preuve d’une audace peu commune pour un artiste de cette renommée, n’hésitant pas à casser son image ultra médiatisée pour envoyer un message qui semble clair : « Je fais ce que je veux et que ceux qui m’aiment me suivent, quand aux autres qu’ils aillent se faitre f**tre. » Rap’s Not Dead !